Lot-et-Garonne, terre de bastides

L'essentiel des affaires sont prêtes depuis plusieurs jours déjà, et il ne me reste plus qu'à les charger dans le coffre et à rassembler les dernières choses manquantes. Je m'assure encore une fois que je n'ai rien oublié en checkant mentalement le matériel, sûr d'avoir omis quelque chose. Ça finira bien par me revenir.

Pour cette première nuit, nous n'avons que peu de route à faire car le départ était initialement prévu au lendemain et l'après-midi est donc déjà bien entamé quand nous nous décidons à partir. Je mets le contact et j'entre l'adresse fournie par l'application dans le GPS qui nous indique que nous devrions rejoindre le lieu en à peine plus d'une heure. Pourtant, nous ne sommes pas arrivés au bout de l'allée que j'effectue déjà une première halte. Ça me revient, j'ai oublié les chaises ! A peine de retour au 4x4, que rebelote, mais pour la rallonge électrique cette fois-ci...
Nous finissons tout de même par prendre la route, au rythme des tubes qui s’enchainent à la radio, et appréciant l'air chaud qui s'engouffre par les fenêtres grandes ouvertes. Nous arriverons, au détour d’une petite route, dans un camping perdu dans la campagne Dordognaise.
L'endroit, au milieu d’un écrin de verdure, est calme et plaisant mais nous n'arrivons visiblement pas au moment le plus opportun quand on voit l'accueil qui nous est accordé. La tenancière des lieux semble froide et sévère, mais son mari est déjà plus avenant lorsqu'il nous amène jusqu'à notre parcelle.

Nous installons le couchage avant la tombée de la nuit et je souris à chaque fois qu'un enfant s'extasient devant le 4x4. Puis nous iront manger dans la gargote où le tôlier s’affaire à cuisiner. Mais les tarifs pratiqués pour une simple salade et une omelette avec quelques frites surgelées, ainsi que l'annonce de frais de séjour qui viennent s'ajouter à la somme déjà payée via l'application, me laisseront un goût amer et la sensation de me faire rançonner. Cette première expérience sera la moins appréciable de notre séjour.

Le lendemain matin, nous profitons des installations pour nous débarbouiller avant de nous diriger vers une portion de l'itinéraire qui me permettra de faire un peu de tout-terrain. J'y vais doucement car je n'ai pas l'habitude de ce genre de terrain et je ne souhaite pas abîmer la mécanique ou la carrosserie. La piste est très sèche, aucun risque donc que je me mette en crabe au milieu de ces chemins forestiers. Quelques rayures plus tard, nous rejoindrons Villeréal, première bastide de notre périple. Nous tomberons en premier lieu sur son église fortifiée, légèrement en retrait du centre, puis sur une magnifique halle dotée d'un étage en torchis, fait particulièrement rare semble-t-il. Comme toutes les villes nouvelles de la région au Moyen-âge, elle adopte un plan en damier conçu pour mettre le marché au cœur de la cité. Nous profiterons de ce premier arrêt pour manger une glace artisanale, à l'abri des arcades qui entourent la place.

Pas d'emplacement réservé pour ce soir, et nous souhaitons trouver un lieu calme en bordure d'un lac pour installer le bivouac et nous baigner. Je profite des paysages qui défilent et du vent qui me souffle au visage. Mais après de nombreux kilomètres de recherches infructueuses, nous finirons par trouver un petit endroit tranquille au cœur de la forêt. Cette quiétude nous permettra d'essayer la douche en pleine nature, au moyen d'un sac étanche et d'une petite pompe électrique. Ce n'est pas le grand luxe, mais cela suffit amplement pour nous rafraichir et nous laver après cette chaude journée. D'autant plus que les températures ne sont pas prêtes de diminuer durant les jours à venir. Par bonheur, l’ombre des arbres a préservé un peu de fraicheur, nous accordant même un filet de vent au moment de nous endormir.

De bastide en bastide

Lorsque les rayons du soleil finissent par nous réveiller, nous avalons quelques pains au lait et replions le campement. Cela ne me prends que quelques minutes, mais je réfléchis néanmoins toujours à des manières de perfectionner l'ensemble du système. Gagner quelques précieuses minutes et toujours agréable suite à une longue journée passée sur la route.

Cap sur le Lot-et-Garonne, terre de bastides, puisque le département est celui qui en dénombre le plus de toute la Nouvelle-Aquitaine. Nous faisons d'abord escale à Monflanquin, bien connue de la région et également classé parmi les plus beaux villages de France. Nous passerons la matinée à flâner dans les rues dominant la vallée de la Lède dont Stendhal décrira d'ailleurs les paysages comme ceux d’une "petite Toscane".

Cette année, les médiévales de Monflanquin sont de retour, après deux ans de reports suite au Covid, et nous voyons les employés communaux s'affairer à tout préparer pour que chevaliers, troubadours et princesses puissent se produire durant trois jours consécutifs, du 13 au 15 août. Dommage car nous ne serons malheureusement plus présent pour y assister. Nous nous attarderons tout de même encore un peu en terrasse d’un restaurant, l’heure du déjeuner arrivant à grand pas.
Après un copieux repas au milieu de la magnifique architecture des lieux, nous nous rendons au château de Bonaguil, réputé pour ne pas avoir d'histoire ! Puisqu'en effet, n'étant pas situé à un emplacement particulièrement stratégique, il ne sera jamais attaqué mais conserve de ce fait une grande partie de ses remparts. Nous profiterons de la visite guidée pour en apprendre plus, et admirerons également la vue après avoir grimpé les nombreuses marches menant jusqu'au toit du donjon.

Il n’est pas tard quand nous regagnons le véhicule, mais la chaleur est harassante et le cuir des sièges brûlant ne manque pas de nous le rappeler. Difficile de ne pas allumer la clim à fond mais le trajet ne devrait pas être long jusqu'au prochain point. C'est le moment d'accorder une autre chance à l'application de gamping, en nous rendant chez un nouvel hôte, Michel, qui s'avèrera cette fois-ci des plus charmants. Nous pouvons ainsi profiter de la piscine, des infrastructures mis à notre disposition et de l'agréable compagnie d'un âne et de deux moutons parfois en liberté sur son terrain. Après ce tour du propriétaire, et le choix de notre emplacement pour la nuit, nous irons barboter un moment dans la piscine. Passionné par sa région, il nous fournira également de précieux conseils sur les lieux à ne pas manquer. L'endroit idéal pour se ressourcer avant de continuer notre périple.

C’est déjà le troisième jour et notre prochaine étape nous mène à Villeneuve-sur-Lot et au château de la Stelsia, facilement reconnaissable par ses couleurs vives. Nous nous promenons dans son immense jardin peuplé de quelques statues et œuvres contemporaines toutes plus loufoques les unes que les autres. Finalement pas aussi intéressant qu'on le pensait, nous préfèrerons en définitive rejoindre le centre-ville de ce chef-lieu. Au crochet d'une rue, nous arriverons dans la halle "Les Allées Gourmandes" avec son marché permanent et sont restaurant disposant d'une vue imprenable, perché à des dizaines de mètres au dessus du Lot. Avec un nom pareil, c'est un appel à la gloutonnerie auquel nous ne saurons résister.

Le temps défile à toute vitesse malgré la chaleur étouffante de ce mois de juillet. Je prends toujours autant plaisir à être au volant de mon Disco et je pourrai continuer à conduire encore longtemps mais il m'est impossible de ralentir le temps et les heures filent à toute vitesse. Nous voici donc déjà à notre escale suivante, Pujols. Cette ancienne place forte albigeoise a traversé les siècles et les guerres en conservant son caractère médiéval, ce qui n'est pas pour me déplaire. On peut ainsi distinguer les vestiges des murs d'enceintes, du château mais également les magnifiques portes fortifiées ainsi que d'une superbe vue sur la vallée. Un chef-d'oeuvre de notre patrimoine, dont nous mettrons peu de temps à faire le tour.

Si nous souffrons, c’est également le cas de la mécanique qui me fera une belle frayeur au moment de repartir, en ne voulant pas démarrer après plusieurs essais. Le moteur finira tout de même par ronronner à nouveau, il suffisait d’éteindre la climatisation que j’avais bêtement oublié.

Ce soir, plus question de bivouac pour terminer notre périple. J'ai réservé une cabane dans les arbres, pour nous reposer et nous détendre avant de prendre la route du retour. Hanne, la propriétaire, a entièrement conçu cette petite cahute avec beaucoup de goût et nous ne pouvions rêver meilleur endroit pour terminer ce séjour. D'autant plus qu'une nouvelle fois, nous avons pour voisins un couple d'ânes, avec leur petit rejeton vieux d'une douzaine de jours à peine. Celui que je surnommerai Trotro, bien que très curieux, se laisse difficilement approcher. Toutefois, il se montrera nettement plus téméraire le soir lorsque je reviendrai avec les bras chargés de pizzas encore chaudes, acquise dans le foodtruck familial à l'entrée de la propriété et que nous dégusterons sur la terrasse alors que le soleil disparait doucement derrière la cime des arbres. Demain signe le chemin du retour, jusqu'à ce que nous puissions partir pour de nouvelles aventures.